Le sujet du choix des soins en fin de vie est souvent difficile à aborder tant il renvoie inéluctablement à celui de la mort.
Pour autant, nous sommes tous, un jour ou l’autre, confrontés à l’imminence de la fin : celle d’un membre de notre famille, de notre conjoint, d’un ou d’une ami(e), ou même la nôtre.
Si le choix de la sédation profonde en fin de vie n’est pas toujours du ressort du patient, il est tout de même possible de préciser dans ses directives anticipées que l’on ne souhaite pas d’acharnement thérapeutique, pour que le corps médical mette tout en œuvre afin d’apaiser les souffrances quand la fin de vie est inévitable.
La sédation : de quoi s’agit-il ?
On parle de « sédation » lorsqu’une médication est administrée à un patient pour l’aider à se relaxer et soulager sa souffrance, notamment au cours d’une intervention chirurgicale ou d’un passage en réanimation.
La sédation prend en compte le confort du patient et son environnement pour l’aider à diminuer ses douleurs physiques et psychologiques.
Les médicaments (sédatifs) sont généralement injectés par voie intraveineuse, mais peuvent parfois être administrés par voie orale ou par l’intermédiaire d’un masque facial.
Le praticien habilité à administrer une sédation peut être le médecin anesthésiste (en salle d’opération), mais également tout autre médecin ou professionnel de santé qualifié.
Il existe trois niveaux différents de sédation intraveineuse : la sédation minimale ou légère, la sédation modérée ou palliative, et enfin, la sédation profonde.
Qu’est-ce qu’une sédation profonde ?
Selon le niveau de conscience du patient, la sédation peut donc être légère, modérée, ou profonde et continue, jusqu’au décès.
Au cours d’une sédation légère, la personne peut sembler dormir mais ouvre ses yeux et/ou réagit quand on lui parle et/ou qu’on la touche.
La sédation modérée abaisse l’état de conscience du malade à l’aide de médicaments afin de soulager les douleurs.
La sédation profonde endort profondément le patient, qui ne réagit plus ni à la voix ni au toucher.
Depuis le 2 février 2016, la loi Claeys-Leonetti offre en France un droit à la sédation profonde et continue jusqu’au décès (SPCMD) pour les personnes malades en phase terminale.
Cette pratique consiste à endormir profondément le patient de manière à s’assurer qu’il ne souffre plus alors que son décès est imminent et inévitable. Cette sédation est alors prolongée jusqu’à la perte de conscience, puis jusqu’au décès du patient.
Cette forme de sédation permet seulement que le décès intervienne dans des conditions de confort améliorées pour la personne.
Elle ne provoque pas la mort. Seule l’évolution naturelle de la maladie conduit au décès.
Qui décide de procéder à une sédation profonde et continue ?
Un patient atteint d’une maladie incurable peut demander à bénéficier de la sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès (SPCMD) afin d’éviter toute souffrance inutile.
Il lui appartient de discuter avec son médecin de ce choix en fonction de son état, de le mentionner au moment de la rédaction des directives anticipées ou de préciser cette intention au proche qui aura été désigné « personne de confiance ».
Il arrive dans certains cas que le patient soit inconscient et ne puisse plus exprimer sa volonté. Le médecin peut alors mettre en place la sédation profonde et continue jusqu’au décès au titre du refus de l’acharnement thérapeutique, à moins que le patient s’y soit opposé dans ses directives anticipées.
Quelles sont les conditions pour demander une sédation profonde ?
Selon la loi du 2 février 2016, la sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès (SPCMD) ne peut être administrée qu’à la demande du patient, et cela, dans deux cas :
- Si son pronostic vital est engagé et que les traitements qui lui sont administrés ne permettent pas d’alléger sa souffrance ;
- S’il décide volontairement d’arrêter un traitement, ce qui l’expose à des souffrances insupportables.
La sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès peut être réalisée en établissement de santé, mais également à domicile ou en EHPAD.
Afin de prévenir toute initiative concernant des soins de santé sur votre personne que vous ne souhaiteriez pas à l’occasion de votre fin de vie, vous pouvez rédiger des directives anticipées pour faire part de vos souhaits et désigner une personne de confiance pour contrôler qu’elles soient bien respectées.
(Crédit photo : iStock / KatarzynaBialasiewicz)