Le terme « sédation » peut prêter à confusion, car dans l’inconscient collectif, il renvoie souvent à des protocoles mis en place dans les unités de soins palliatifs, et de manière générale, à la fin de vie.  

Or, la sédation est utilisée au quotidien en hôpital ou en clinique au cours des interventions chirurgicales ou dans les services de réanimation. Et même lorsque vous allez chez le dentiste 

Alors, quand parle-t-on de sédation et quand parle-t-on d’anesthésie?

Sédation et anesthésie : définitions

Bien que ces deux termes se réfèrent à des techniques utilisées pour réduire ou éliminer la douleur et l’inconfort pendant les procédures médicales, leur pratique diffère en matière d’impact sur l’état de conscience et sur la douleur, et sur le plan des protocoles utilisés.

Anesthésie 

L’anesthésie est une pratique médicale utilisée pour annihiler la sensation de douleur et, dans certains cas, provoquer une perte de conscience. 

Il existe plusieurs types d’anesthésie : 

Anesthésie générale  

Utilisée dans le cadre d’interventions chirurgicales majeures, elle implique une perte complète de conscience du patient, qui ne ressent aucune douleur et n’a aucun souvenir de la procédure.

Anesthésie régionale  

Elle permet d’engourdir une partie importante du corps grâce à l’injection d’anesthésiques autour de grands nerfs ou de la moelle épinière (comme le cas de la péridurale).

Anesthésie locale  

Utilisée par exemple pour des sutures ou des extractions dentaires, elle implique l’injection ou l’application d’un anesthésique local pour engourdir une zone spécifique. 

Sédation 

La sédation est utilisée pour calmer et relaxer le patient en réduisant l’anxiété. Elle n’entraîne pas nécessairement une perte totale de conscience et est souvent associée à un anesthésique local pour des actes mineurs.

La sédation peut être minimale, modérée ou profonde.  

Son action est dosée en fonction de l’acte chirurgical envisagé et du stress émotionnel exprimé par le patient. 

Sédation minimale  

Le patient est détendu mais éveillé et capable de répondre aux commandes verbales. On lui administre un tranquillisant oral avant la descente au bloc opératoire.

Sédation modérée   

Le patient somnole mais reste conscient et capable de répondre quand il est stimulé. C’est la technique de choix lorsque le chirurgien a besoin de sa coopération au cours de l’intervention. Malgré la baisse de son niveau de vigilance, il garde l’efficacité de ses réflexes protecteurs et le contrôle de sa respiration. 

 Sédation profonde  

Elle est considérée comme un cran au-dessous de l’anesthésie générale : le patient dort profondément et ne peut répondre qu’à des stimuli répétés et/ou douloureux. Cette forme de sédation nécessite une surveillance étroite des signes vitaux.

Dans quels contextes ?

Selon les objectifs recherchés, les pratiques de sédation et les moyens employés ne sont pas les mêmes. 

En anesthésie, la sédation vise à vous assurer l’intervention chirurgicale la plus confortable possible. 

En réanimation, la sédation, aussi appelée coma artificiel, consiste à plonger le patient dans un sommeil très profond pour supprimer la douleur et qu’il puisse tolérer le respirateur artificiel, par exemple.

En soins palliatifs, la sédation, qualifiée de profonde et continue, a pour but d’accompagner une personne en fin de vie atteinte d’une maladie incurable ou dont les chances de survie sont nulles. Avec le consentement de la personne, la sédation vise à diminuer sa vigilance ainsi que sa douleur physique et psychique. En France, la sédation en soins palliatifs n’est jamais utilisée pour provoquer le décès. 

Sédation, anesthésie : différences 

État de conscience  

L’anesthésie générale entraîne une perte totale de conscience, tandis que la sédation peut aller de la simple relaxation à une somnolence profonde avec maintien d’un état de conscience. 

Maintien des réflexes vitaux  

Contrairement à la sédation profonde, l’anesthésie générale nécessite que le patient soit placé sous respiration artificielle. Elle comporte des effets secondaires plus importants, requérant une surveillance accrue tout au long du processus.

Indication 

L’anesthésie est utilisée pour des interventions chirurgicales importantes nécessitant une insensibilité complète à la douleur, tandis que la sédation est souvent utilisée pour des actes moins invasifs ou simplement pour réduire l’anxiété. 

Si l’anesthésie générale est préférable pour les procédures longues, requérant une immobilité parfaite, la sédation est souvent proposée pour des actes courts, peu douloureux, réalisables en ventilation spontanée.

Administration  

L’anesthésie générale est administrée par des médecins anesthésistes en milieu hospitalier, tandis que la sédation peut être réalisée dans divers contextes en anesthésie locale, y compris les cabinets dentaires et les cliniques ambulatoires. 

On voit donc bien que l’anesthésie et la sédation ont des indications bien spécifiques, des modalités d’administration distinctes et des implications différentes sur l’état de conscience ainsi que sur la gestion de la douleur et de l’anxiété.

(Crédit photo : iStock / Drazen Zigic)