Le burn-out est un véritable fléau de nos jours. Il se définit comme : “épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel“, d’après la Haute Autorité de Santé. Opinion Way révèle qu’en 2022, près de 2,5 millions de personnes souffraient d’un burn-out.
Les aidants familiaux ont un rôle important à jouer auprès d’un proche âgé ou en situation de handicap. Cet investissement émotionnel, mais aussi d’énergie et de temps, peut épuiser les aidants, qui ont à cœur d’aider leur proche, parfois au détriment de leur bien-être et de leur propre santé. L’engagement affectif, le lien qui unit l’aidé et l’aidant, favorise l’envie de bien faire, toujours plus, par amour. Mais cela peut aussi conduire l’aidant à s’épuiser mentalement, psychiquement, physiquement. N’oublions pas qu’il ne s’agit pas de son métier (sauf cas exceptionnel), qu’un aidant doit mener de front sa vie professionnelle, sa vie personnelle, et son rôle d’aidant ! Quels sont alors les signes avant-coureurs d’un burn-out chez un aidant ? Explications.
Les signes d’épuisement physique de l’aidant
Le burn-out peut affecter le bien-être physique d’un aidant. Le corps réagit souvent à la place des individus lorsqu’il manque d’énergie, que les signes ne sont pas écoutés…
D’ailleurs, il n’est pas rare d’entendre certaines personnes dire que leur corps a “lâché“, après des mois d’épuisement sans agir. Le corps, votre plus bel allié, communique pour tirer la sonnette d’alarme.
Les signes d’épuisement physique les plus courants chez un aidant, sont par exemple :
- La fatigue chronique ;
- Les troubles du sommeil (difficultés à s’endormir, insomnies, cauchemars…), encouragés par les soins apportés au proche aidé en pleine nuit ;
- Les céphalées ;
- L’hypertension ;
- Les variations de poids en réaction au stress ou à la qualité de vie ;
- Les troubles digestifs ;
- Les douleurs au niveau de certains muscles et articulations (bras, cervicales, bas du dos, etc.) : les troubles musculosquelettiques. Ces derniers se déclarent à cause de l’anxiété, du stress, mais aussi des gestes difficiles et répétitifs pour prendre soin du proche âgé (notamment les postures prises pour le lever, le coucher, etc).
Les signes d’épuisement psychologique de l’aidant
Les signes d’épuisement psychologique surviennent généralement avant que le corps ne se manifeste. L’implication d’un aidant auprès d’un proche âgé est intense. C’est tout une âme, une vie, qui change et tourne autour d’un parent en difficulté.
A la tristesse de le voir perdre en autonomie, il y a l’envie profonde, viscérale, de lui venir en aide, pour soulager son quotidien, sa douleur, profiter de lui, tant que possible. Pour certaines personnes, ce n’est que le juste rendu des années durant lesquelles un parent a pris soin de son enfant.
L’engagement émotionnel pousse les aidants à se démener, se surpasser, se donner corps et âme pour leur proche. Cet acte d’amour envers la personne âgée peut malheureusement conduire un aidant à ne plus être bienveillant envers lui-même, ne plus prendre soin de lui, son bien-être, son équilibre.
Voici les signes d’un épuisement psychologique :
- Le sentiment d’être surmené, surchargé, de courir partout, tout le temps ;
- Le déséquilibre émotionnel, l’irritabilité ;
- Les émotions négatives de plus en plus présentes ;
- La perte de confiance en soi : une trop grande exigence envers soi (échec), l’impression de ne pas faire assez (culpabilité) ;
- L’état dépressif, défini par l’Organisation Mondiale de la Santé comme “la présence d’une humeur dépressive (sentiment de tristesse et de vide, irritabilité), qui s’accompagne parfois d’une perte de la capacité à éprouver du plaisir ou de l’intérêt” ;
- L’isolement, le repli : l’aidant ne s’autorise plus aucun plaisir, s’isole pour gagner du temps auprès de son proche, perd le contact avec ses amis, communique moins ses émotions ;
- Les conflits : ils surviennent par un manque de compréhension réciproque, à cause des émotions négatives ressenties par l’aidant et son entourage. L’aidant peut avoir l’impression d’être le seul à se préoccuper d’un proche. Son entourage peut manifester sa tristesse d’avoir moins de temps à passer avec l’aidant (famille, amis, enfants). Le stress et l’anxiété engendrent de l’irritabilité, qui tend les relations.
- Les addictions diverses : pour oublier, pour booster l’énergie, pour se remonter le moral… Un changement d’habitude soudain vu comme un refuge pour l’aidant.
Burn-out de l’aidant : comment réagir ?
A la lecture des signes d’épuisement physiques et psychologiques de l’aidant :
- Vous êtes aidant et vous rendez compte que vous souffrez peut-être d’un burn-out.
- Vous êtes l’aidé et vous inquiétez pour votre aidant.
- Vous connaissez un aidant et il semble réunir plusieurs facteurs à risque.
Que pouvez-vous faire ? La première chose est d‘en parler avec bienveillance, afin de lever le tabou sur cet épuisement.
Un rendez-vous chez le médecin généraliste est essentiel pour qualifier le niveau d’épuisement de l’aidant et trouver une solution adaptée : arrêt ? Prise en charge thérapeutique ? Prise en charge médicamenteuse ?
Ensuite, il convient de rappeler qu’un aidant dispose du droit au répit. Il s’agit de pouvoir prendre des congés, même en qualité d’aidant reconnu officiellement par le gouvernement. Durant l’absence de l’aidant, des aides extérieures peuvent intervenir pour prendre soin du proche âgé notamment grâce aux aides financières et servicielles auxquelles il a potentiellement le droit (infirmière à domicile, auxiliaire de vie, aide ménagère, portage de repas, APA…).
Puis, l’aidant peut se rapprocher d’une association d’aidants, de manière à pouvoir échanger, communiquer, se confier, sur son quotidien avec d’autres personnes elles aussi aidantes ! Cela permet de se sentir moins seul, davantage compris, et surtout d’avoir le point de vue de personnes qui vivent la même chose, quotidiennement !
Les aidants doivent aussi avoir connaissance des nombreuses aides auxquelles ils ont droit dès lors qu’ils font reconnaître leur statut officiellement : adaptation du temps de travail s’il est salarié, droit au répit, compensation financière, etc.
Les aidants ont un quotidien lourd, physiquement, émotionnellement. Leur engagement d’amour envers un proche âgé ou en situation de handicap les amène à se surpasser, tout le temps, quitte à s’oublier. Prendre connaissance des signes d’un burn-out est essentiel pour alerte un aidant, l’inviter à reprendre le contrôler sur son bien-être, ou tout simplement lui venir en aide.
(Crédit photo : iStock – Halfpoint Images)