Aborder le sujet de la fin de vie dans sa propre langue est déjà particulièrement délicat et compliqué pour beaucoup.
Alors imaginez que vous soyez dans une situation où l’on ne comprend pas bien ce que vous voulez exprimer car vous ne parlez pas la même langue. Quelle frustration !
Parler à bâtons rompus de la fin de vie, à l’occasion d’une discussion avec une amie étrangère par exemple, n’implique pas les mêmes problématiques ni les mêmes enjeux que devoir exprimer ou recueillir des demandes spécifiques en langue étrangère dans le cadre d’une fin de vie en milieu hospitalier, notamment.
Dans quel cas peut-on être confronté à ce problème ?
Les situations lors desquelles on peut être confronté à devoir évoquer la fin de vie dans une autre langue que la sienne sont diverses. Cela peut subvenir à l’occasion :
– D’un accident grave lors de vacances à l’étranger ;
– D’une grave maladie soudaine à l’occasion d’un déplacement ou d’une mission professionnelle à l’étranger ;
– D’une maladie ou d’un accident chez une personne qui vient d’immigrer et qui ne maîtrise pas encore la langue du pays d’accueil.
Si l’on se met à la place de ces personnes, on imagine combien cela peut être difficile d’exprimer ses souhaits de fin de vie et ses dernières volontés alors que l’on ne parle pas d’autre langue que la sienne. L’on mesure alors la douloureuse frustration de ne pas toujours être compris.
La sécurité des patients en milieu hospitalier
Certaines études récentes ont souligné que la barrière linguistique peut avoir un impact sur la sécurité et la qualité des soins palliatifs en milieu hospitalier.
En effet, il peut arriver qu’une mauvaise compréhension du patient ou des erreurs de communication entraînent des événements indésirables : risque d’erreurs de médication, complications, non-respect des directives données par le patient.
N. B. : les familles dont les membres ne parlent pas la langue du pays s’exposent aussi à recevoir moins d’informations au sujet de l’état de leur proche.
Le principe de confidentialité et le consentement éclairé
L’obtention du consentement éclairé du patient et le respect de sa confidentialité sont les prérequis essentiels d’une prestation de soins éthiques de qualité.
Bien souvent, pour les patients ne maîtrisant pas la langue, la protection de ces droits fondamentaux fait défaut.
Il est évident qu’un patient qui ne comprend pas ce qui lui est dit ne peut pas participer efficacement aux soins. Par conséquent, il est difficile d’obtenir son consentement éclairé.
Comment communiquer quand on ne parle pas la même langue ?
Demandez un traducteur
Même si la majorité des hôpitaux ne disposent pas d’un traducteur assermenté, vous pouvez demander de l’aide à quelqu’un qui pourrait peut-être traduire les points essentiels de la discussion.
Le plus fréquemment, c’est un membre de la famille ou un ami qui s’attelle à la tâche de traduction.
En France, il existe normalement dans la majorité des hôpitaux une liste de « professionnels de santé ressources » parlant une autre langue. Encore faut-il qu’ils soient présents et disponibles au moment où on en a besoin.
Et puis, que penser du respect du secret médical ? N’y a-t-il pas un risque de passer à côté de quelque chose d’important ?
Le patient a droit à l’intimité et à la confidentialité, mais il a aussi le droit de comprendre ce qui lui arrive.
N. B. : la langue anglaise étant celle utilisée dans le milieu de santé international, et notamment dans les colloques médicaux organisés à travers le monde, maîtriser un minimum la langue de Shakespeare augmente globalement les chances d’être compris et de comprendre.
N. B. : l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) met à disposition de son personnel un kit de communication afin d’améliorer la prise en charge des personnes ayant des difficultés d’expression et/ou de compréhension.
Utiliser les outils numériques et le jeu
Les applications du téléphone dédiées à la traduction que vous utilisez lorsque vous visitez un pays étranger et que vous voulez converser avec un habitant dans sa langue seront également bienvenues pour aborder la question de la fin de vie. Traducteurs vocaux ou écrits, ces outils vous faciliteront grandement la vie !
Des applications comme Google Traduction, Vasco Translator V4, Microsoft Bing Translator, Reverso vous seront d’un grand secours. Certaines sont même spécialisées dans la traduction d’une seule langue à une autre.
Aborder la fin de vie avec un jeu en anglais
Si votre interlocuteur et vous-même vous débrouillez en anglais, vous allez pouvoir échanger autour de la fin de vie de manière concrète et ludique, en jouant à Go-Wish.
Il s’agit d’un jeu de cartes créé afin de libérer la parole de façon légère sur le sujet de la fin de vie et des directives anticipées.
La version américaine comporte des subtilités en fonction de la culture et des lois américaines.
N. B. : la version française et adaptée à notre législation s’appelle À vos souhaits (association JALMALV). Ainsi par exemple, la carte américaine de Go-Wish « Prier » devient « Méditer/prier » dans la version française, et des cartes portant sur le don d’organes ou le fait de vouloir « être endormi à la fin » ont été ajoutées.
(Crédit photo : iStock / Maskot)