La fête de la Toussaint, souvent associée au jour des morts dans les sociétés occidentales, ravive bien souvent les émotions liées au deuil. Cet événement, au cours duquel de nombreux Français se rendent sur les tombes de leurs ancêtres pour leur rendre hommage, peut se révéler assez douloureux. Suite aux obsèques, prendre le temps d’accepter le décès et les sentiments qu’il entraîne, échanger avec des proches bienveillants et accomplir avec eux les rituels funéraires liés au jour des défunts permet de mieux supporter le chagrin éprouvé au cours de la période de deuil. 

Prendre le temps pour faire son deuil 

Le décès d’un être cher semble arrêter le temps. L’espace d’un instant, l’annonce de la mort d’un proche fait tout basculer et le reste du monde disparaît derrière la peine immense que cette nouvelle inflige. Les obsèques et la cérémonie funéraire au cimetière qui s’ensuivent peuvent être vécues comme une rupture rapide et brutale avec le défunt. Si le deuil constitue un processus naturel, qui fait partie de la vie, il se déroule en plusieurs étapes, qui peuvent durer plus ou moins longtemps 

Il s’agit d’une épreuve très personnelle et, à une époque où tout semble aller de plus en plus vite, il s’avère souvent difficile de faire correctement son deuil. En effet, dans les sociétés occidentales modernes, les rites culturels et religieux qui marquaient les étapes de ce processus ont tendance à disparaître. Sur le plan professionnel, seuls quelques jours de congé sont accordés. À l’issue de cette courte période, on attend que la personne endeuillée se trouve à nouveau pleinement capable de travailler. Sur le plan personnel et affectif, les proches moins affectés ne comprennent pas toujours l’intensité du chagrin ressenti et, pour les épargner, on peut être tenté de « balayer » rapidement son deuil.  

Pourtant, la tristesse déclenchée par le décès d’un conjoint, d’un parent ou d’un enfant ne peut s’estomper de manière si rapide. Si elle ne s’efface d’ailleurs jamais totalement, et il demeure donc primordial de prendre le temps d’accepter cette nouvelle situation, de s’autoriser à ressentir de la peine, quelle que soit son intensité. La Toussaint représente une formidable occasion de rendre hommage au défunt, de repenser aux bons moments vécus avec lui et, ainsi, de prolonger sa mémoire tout en faisant la paix avec sa disparition. 

S’investir dans son deuil pour mieux l’accepter 

La Toussaint et le jour des défunts, qui ont lieu les 1er et 2 novembre, ravivent souvent le souvenir douloureux des êtres chers disparus. Dans la mesure où le deuil reste un cheminement sur le long terme, ces événements peuvent paraître dérisoires mais en réalité, le fait de rendre hommage de manière physique et extérieure, par opposition au processus psychologique de deuil, peut s’avérer très bénéfique. Choisir des fleurs, se déplacer au cimetière jusqu’à la sépulture de ses ancêtres pour les y déposer, renforce le sentiment de proximité avec le défunt... Cette démarche permet de s’investir pour celui-ci, en honorant sa mémoire. Elle offre aussi la possibilité de s’autoriser à vivre son deuil : le jour de la Toussaint, il paraît socialement plus acceptable d’extérioriser tout le chagrin ressenti. 

Rendre hommage aux défunts en famille

Comme le rappelle le docteur Christophe Fauré, psychiatre et psychothérapeute, auteur de Vivre le deuil au jour le jour :

« Pour ceux qui ont perdu un être cher, la commémoration, c’est tous les jours. »

Le rituel de la Toussaint peut donc paraître anodin, puisque le chagrin lié à la perte d’un proche ne disparaît pas pour s’intensifier soudainement à l’occasion de la fête des Morts. En revanche, le caractère collectif du rituel peut avoir un effet libérateur pour ceux qui le pratiquent. Comme l’explique le thérapeute dans une interview, il s’agit du dernier rite consacré à la perte et le fait de constater que d’autres éprouvent des sentiments similaires, ressentent le même besoin de rendre hommage à un être cher disparu, peut procurer un réel réconfort. De même, accomplir ces rituels avec d’autres membres de la famille réduit l’impression de solitude souvent induite par le deuil. Partager sa peine et ses souvenirs lors des obsèques et au moment de rendre hommage au défunt garantit de se sentir moins seul. La dimension collective de ce rite contribue aussi à renforcer les liens qui unissent les personnes endeuillées. Ainsi, la Toussaint et le jour des défunts peuvent représenter de belles occasions pour se rapprocher de sa famille tout en honorant ses ancêtres.

(Crédit photo : iStock / FrankyDeMeyer)