Simone de Beauvoir reste sans conteste l’une des personnalités marquantes du XXème siècle. Née 9 janvier 1908 à Paris, elle se destine très rapidement au métier d’écrivain, philosophe et s’engage en tant que fervente féministe. Elle est également à l’origine de beaucoup d’avancées dans la société. Retour sur la vie de cette femme unique qui décèdera le 14 avril 1986, il y a déjà 25 ans.
Une passion innée pour l’écriture
Simone de Beauvoir grandit dans une famille bourgeoise. Son père est avocat et comédien. Dès le plus jeune âge, à une époque où les femmes ne sont pas invitées à suivre de grandes études, Simone de Beauvoir se caractérise par son grand intellect et une passion des mots qui ne cesse de grandir. La fin de la Première Guerre mondiale marque un tournant dans la vie de la jeune femme. En effet, sa famille se retrouve ruinée et déshonorée par la faillite de la banque que détenait son grand-père. Cette dégringolade ne fait que renforcer l’envie de Simone de devenir un jour un grand écrivain. Avant cela, elle souhaite poursuivre ses études et est vivement encouragée par son père. Ce dernier pense qu’il s’agit d’une opportunité pour ses enfants de se sortir de cette situation précaire. Il voit en Simone de Beauvoir une intelligence hors-norme. A l’âge de quinze ans, la jeune femme décide de s’émanciper et de faire valoir son goût pour les études. Passionnée par la philosophie, elle se dirige toutefois vers la littérature classique pour faire plaisir à ses parents. Elle fait ses armes auprès de Robert Garric, le fondateur des Equipes sociales.
A la fin des années 1920, finalement diplômée d’une licence en philosophie, elle poursuit ses études de lettres et rencontre l’illustre Jean Paul Sartre. Ils passent ensemble le concours d’agrégation en philosophie. Sartre termine premier. De Beauvoir le suit à la deuxième place.
Une fois l’agrégation en poche, Simone de Beauvoir, tout comme son compagnon Jean-Paul Sartre, se lance dans l’enseignement. Elle passe d’un établissement à l’autre, laissant ici et là les souvenirs d’une enseignante à l’écoute, passionnée et passionnante. Ses années de professorat seront toutefois marquées par de nombreuses révocations de l’Education Nationale car on prête à l’écrivain quelques relations amoureuses avec certaines de ses élèves, pour la plupart mineures. Les liens qui unissent alors Sartre, de Beauvoir et les élèves font parler.
Simone de Beauvoir, femme engagée
Très vite, Simone de Beauvoir cesse d’enseigner et voue son temps à l’écriture. Forte d’une réputation de femme engagée auprès de la communauté féminine française, celle qui a l’image de la femme libérée souhaite transmettre ses idées et faire évoluer les mœurs.
Elle connaît un immense succès en 1949 lors de la publication de son livre Le deuxième sexe. Simone de Beauvoir vend son ouvrage à plus de 22 000 exemplaires la première semaine. Un million sont vendus aux Etats-Unis. Elle devient alors l’icône des femmes qui la voient comme une héroïne. L’écrivain met des mots sur la condition féminine. Elle considère alors que la femme est toujours représentée comme inférieure à l’homme. Ce livre dérange autant qu’il intrigue. Contre le mariage, pour l’avortement, elle bouscule les codes sociétaux de l’époque. Véritable figure du combat des femmes pour leurs droits, Simone devient rapidement l’auteure la plus lue du monde lors de la parution de son ouvrage Les Mandarins en 1954, pour lequel elle remporte le prestigieux prix Goncourt.
Forte de ce succès, Simone de Beauvoir se lance dans la rédaction de plusieurs autobiographies qui abordent toutes des thèmes controversés : l’euthanasie, l’acharnement thérapeutique, critique de la bourgeoisie…
Ses écrits choquent parfois, car Simone de Beauvoir n’a aucun filtre. Elle parle de tout, aborde les sujets qui fâchent, rentre dans l’intime de sa relation avec Jean-Paul Sartre et ses amants.
Simone de Beauvoir : un combat de gagné en faveur des femmes
Simone de Beauvoir s’est battue pour légaliser en France le droit à l’Interruption Volontaire de Grosses (IVG) ou plus communément appelé “l’Avortement”. Jusqu’alors considéré comme un homicide, cet acte médical est autorisé grâce à Simone Veil le 17 janvier 1975 dans le cadre de la loi Veil.
Simone de Beauvoir a en effet participé à de nombreuses manifestations et s’est engagée dans plusieurs mouvements. Par exemple, le Mouvement de Libération des Femmes, qui, avec l’aide de De Beauvoir, ont publié le Manifeste 343 en 1971. Cet écrit évoque les conditions d’avortement rudes et met en avant plusieurs célébrités qui ont eu recours à cette interruption de grossesse. C’est le début d’un intérêt public pour la méthode Karman, une méthode d’avortement douce pouvant être pratiquée par des personnes n’étant pas du corps médical.
Simone de Beauvoir a également longtemps clamé haut et fort son envie de légaliser la pilule contraceptive pour les femmes. Aidée de plusieurs gynécologues renommées de l’époque, elles fondent le Mouvement Français pour le Planning Familial en 1960. Un combat de sept ans est nécessaire pour qu’enfin, en 1967, une loi soit votée autorisant la prescription de contraceptifs par un médecin.
Ce 14 avril 2021 marque donc l’anniversaire de la mort de Simone de Beauvoir, femme de poigne qui, malgré sa disparition, reste une personne marquante de l’Histoire.
(Crédit photo : Moshe Milner/Wikimedia/Creative Commons By-SA 3.0)