La plupart des personnes âgées souffrent d’une perte de vision plus ou moins importante. Si ce phénomène est naturel, certaines pathologies liées à l’âge comme la cataracte ou la dégénérescence maculaire peuvent aggraver la perte de la vue. Elles favorisent ainsi l’apparition d’un trouble encore assez mal connu du grand public : le syndrome de Charles Bonnet. Cette maladie cause des hallucinations aux patients, qui voient des couleurs, des formes ou autres images qui n’existent pas, sans présenter aucun trouble sur le plan mental.
En quoi consiste le syndrome de Charles Bonnet ?
Au xviiie siècle, le philosophe et naturaliste suisse Charles Bonnet a scrupuleusement observé et documenté les hallucinations visuelles de son grand-père, devenu malvoyant à la suite d’une cataracte. Cette étude s’est avérée très utile car, près de deux cents ans plus tard, elle a donné son nom à un trouble encore mal connu de nos jours : le syndrome de Charles Bonnet, aussi abrégé en SCB.
Cette maladie touche essentiellement les seniors âgés de plus de 60 ans présentant déjà des troubles au niveau visuel. On estime qu’environ 20 % des personnes ayant subi une perte de vision des suites d’une cataracte, un glaucome, une rétinopathie diabétique ou une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) pourraient souffrir, à plus ou moins longue échéance, de cette pathologie. Celle-ci peut d’ailleurs se déclencher plusieurs semaines ou mois après une perte de vision importante.
En pratique, le syndrome de Charles Bonnet prend la forme d’hallucinations visuelles : le patient voit des formes, des couleurs, ou parfois des images plus complexes qui n’existent pas. Ce phénomène se produit lorsque le cerveau tente de fournir une information habituellement transmise par les yeux. À partir du moment où ceux-ci sont affaiblis, des images se forment à partir des souvenirs stockés dans la mémoire. Ces visions ne sont donc pas réelles. Ces hallucinations sont souvent confondues avec la maladie mentale. De ce fait, peu de professionnels parviennent à diagnostiquer le syndrome de Charles Bonnet, c’est pourquoi il demeure assez méconnu, encore aujourd’hui.
Symptômes du SCB
Les hallucinations entraînées par le SCB n’impactent que le sens de la vue, elles n’impliquent ni l’ouïe, ni l’odorat, ni le goût, ni le toucher. De plus, les patients ne manifestent pas de bouffées délirantes primaires ou secondaires et peuvent prendre du recul sur ces visions anormales. Ils ne présentent donc aucun signe de maladie mentale autre que ces hallucinations visuelles.
Ainsi, la plupart des patients atteints de ce trouble savent que ce qu’ils croient voir n’est pas réel. Les images produites par le cerveau demeurent assez floues. Il s’agit, le plus souvent, de simples formes, de couleurs, de silhouettes humaines ou animales. Certains malades voient aussi apparaître de vraies personnes, des personnages de dessins animés, de bandes dessinées ou même des objets et des images plus complexes. Ces visions peuvent survenir à tout moment et durent de quelques secondes à plusieurs minutes.
Comment traiter les troubles liés au SCB ?
Il n’existe malheureusement pas de traitement pour guérir le syndrome de Charles Bonnet. Ce trouble se diagnostique difficilement. Il semble donc primordial d’échanger avec son entourage pour faciliter le dépistage.
Les hallucinations générées par le SCB restent sans danger et éphémères. Il convient donc de garder à l’esprit qu’elles ne sont pas réelles et d’essayer de garder son calme. Cependant, ces visions peuvent se révéler particulièrement déroutantes, voire terrifiantes, pour ceux qui souffrent déjà de troubles de la vue. Expliquer la récurrence de ces images étranges et les circonstances dans lesquelles elles se manifestent peut aider les soignants à comprendre le phénomène et ainsi proposer un moyen de réduire le stress causé par ces hallucinations.
Sources :
https://smf.swisshealthweb.ch/fr/article/doi/fms.2021.08542/
https://opto.ca/fr/bibliotheque-sante-oculovisuelle/syndrome-de-charles-bonnet
https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_Charles_Bonnet
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