Devenir aidant familial demande du temps, de l’énergie et un investissement de chaque instant. Incarner cette posture, c’est se rendre disponible pour un proche en perte d’autonomie, qui a besoin d’une présence à ses côtés pour vivre dans de bonnes conditions. Pour autant, l’aidant familial ne peut pas mettre complètement sa vie de côté. Il doit composer avec son quotidien d’actif, sa vie de famille, tout en prenant en compte le temps nécessaire pour s’occuper de son proche âgé. Comment s’organiser au mieux ? Quelles sont les astuces pour bien gérer son planning d’aidant familial ? Explications.
Demander des horaires flexibles au travail
Si vous êtes aidant familial et encore actif, sachez que vous pouvez demander à votre employeur de moduler vos heures de travail de manière à pouvoir prendre soin de votre proche âgé sans devoir faire des journées de 18 heures. La Fondation Médéric Alzheimer alerte sur le fait que 80 % des aidants ne parlent pas de leur rôle d’aidant à leur manager. Pourtant, ce statut est reconnu par le gouvernement français et vous donne accès à quelques avantages non négligeables !
Par exemple, vous pourriez négocier une journée de congé proche aidant par semaine, ou une semaine par-ci par-là.
L’employeur peut alors vous proposer une réduction de votre temps de travail, de façon permanente ou temporaire pour répondre à votre besoin.
Alors, pour mieux organiser votre quotidien, commencez déjà par lever le tabou sur votre situation : vous accompagnez un proche âgé dans son confort, le maintien de sa santé. C’est un geste d’amour qui ne peut que susciter l’admiration et le respect. Mais votre santé mentale est aussi un de vos précieux alliés, prenez-en soin. Et maintenant que votre statut de proche aidant est reconnu, profitez des avantages, n’hésitez plus.
Annualiser vos jours de travail
Vous avez également la possibilité, dans certains cas, d’annualiser vos jours de travail. Cela signifie que vous concevez votre planning annuellement : combien de jours ou d’heures de travail devez vous effectuer à l’année ?
Peut-être qu’en organisant votre temps différemment, vous pourriez sans doute ne pas travailler une journée par mois, une semaine entière chaque trimestre. De cette manière, vous ne revoyez pas à la baisse votre contrat de travail mais réorganisez seulement vos heures de travail.
Bien entendu, cela fonctionne bien lorsque vous êtes à votre compte, indépendant. En revanche, si vous êtes salarié, cette décision doit être prise avec votre hiérarchie et n’est pas obligatoirement acceptée, en fonction de l’activité de l’entreprise.
Faire appel à des aides extérieures et organiser son temps en fonction
Etre proche aidant ne signifie pas prendre toutes les responsabilités sur vos épaules. Vous pouvez être aidé, et de bien des manières.
En effet, de nombreuses aides extérieures peuvent vous soulager quotidiennement et réduire votre temps d’intervention auprès de votre proche âgé ou simplement vous permettre de passer du temps de qualité avec lui.
Parmi les aides utiles :
- La femme de ménage : qui peut intervenir une ou plusieurs fois par semaine selon la perte d’autonomie de la personne âgée ;
- L’auxiliaire de vie qui est d’un grand soutien quotidien pour vous et votre proche : elle peut cuisiner, discuter avec, le balader, le lever et le coucher, la toilette si besoin ;
- L’infirmière : pour garantir la prise des médicaments et la réalisation correcte des soins éventuels. Elle peut aussi vous alerter lorsqu’une dégradation de la santé de votre proche survient ;
- Le portage de repas : si votre proche ne peut plus ou ne veut plus cuisiner, si vous n’avez pas le temps de concocter de bons petits plats pour lui chaque jour, faites appel aux services de portage ! Utiles et quotidiens.
- Etc.
Si déjà vous faites appel à ces professionnels, vous vous délestez de bien des tâches épuisantes (car vous avez aussi votre quotidien à gérer), prenantes.
Au-delà de tout cela, faites aussi confiance à votre famille, aux amis de votre proche âgé, qui auront peut-être envie de vous dépanner à l’occasion ou de prendre le relai le week-end ou la semaine.
Des aides financières sont possibles pour profiter de ces services à la personne, notamment avec le CCAS de la commune de résidence de votre proche âgé.
Créer une routine sur fond de rituels
Le meilleur moyen de concevoir un planning digne de ce nom en tant qu’aidant familial, consiste principalement en une succession de rituels.
Vous avez votre vie personnelle à gérer, peut-être vos enfants, petits-enfants et votre vie professionnelle. Vous occuper de votre proche âgé demande du temps.
Il peut être utile de créer un planning sur le mois, ou de mettre en place des rituels, surtout lorsque vous aurez mis en place les services à la personne vus précédemment.
- Une fois les horaires d’interventions connus ou convenus, vous pourrez établir le planning de vos interventions pour faire en sorte que votre proche âgé ait de la visite chaque jour, à différents moments de la journée !
- Mettez en place un cahier de suivi mis à la disposition de tout le monde au domicile du proche âgé. Chacun y laisse ses commentaires, exprime une demande, met en évidence un besoin, etc.
- Faites un point hebdomadaire avec les personnes intervenants chez votre proche.
- Faites les courses de votre proche en même temps que les vôtres.
- Prenez son linge pour faire la lessive en même temps que la vôtre.
- Lorsque vous cuisinez, prévoyez des tupperwares pour votre proche.
- Votre compagnon se charge du ménage chez vous, pendant que vous vous chargez du ménage chez votre parent.
- Un jour sur deux, alternez les visites : frères, sœurs, petits-enfants, mari, épouse, répartissez-vous les jours de la semaine de façon stable.
- Réalisez votre administratif en même temps que celui de votre proche.
- Rangez les papiers dans un classeur à jour, accessible facilement, à portée de mains pour vous pour faciliter l’administratif.
L’idée est alors d’optimiser votre temps de manière à ce que vous puissiez gérer votre quotidien en pensant à votre proche âgé, sans avoir à effectuer trop de doublons dans vos tâches.
S’octroyer des moments de répit
Pour pouvoir supporter ce quotidien à mille à l’heure, vous devez aussi prendre conscience que vous avez le droit au répit. Il s’agit d’un droit qu’ont les aidants familiaux : déconnecter, vous-aussi, pour prendre soin de vous, vous reposer, partir en vacances, penser à autre chose (bien que ce soit évidemment difficile puisque vous aimez votre proche et vous inquiétez de son bien-être naturellement). Malgré toute la bonne volonté du monde et le bien fondé de votre acte, vous risquez le burn-out si vous n’imposez pas de limite.
Alors, essayez tant que possible d’avoir une journée par semaine, consacrée à vous, votre quotidien, vos besoins familiaux, votre cocon. Ce temps est nécessaire pour recharger vos batteries, vous apaiser.
L’été, prenez vos congés en les anticipant suffisamment de manière à :
- Demander à la famille de prendre le relai le temps de votre absence ;
- Prévoir un hébergement temporaire en EHPAD ou maison de retraite ;
- Trouver une famille d’accueil prête à recevoir votre proche chez elle, le temps de vos congés ;
- Augmenter le temps de visite des professionnels si votre proche reste quand même autonome, sans risque pour sa santé ;
- Faire appel aux services de La Poste pour que le facteur passe une ou plusieurs fois par semaine voir votre proche ;
- Etc.
Des dispositifs existent en nombre, profitez-en ! Sous réserve d’en discuter avec votre proche âgé, vous avez la possibilité, dorénavant, de profiter de services adaptés aux seniors, dans le cadre de la démarche gouvernementale du bien-vieillir. De plus, cela vous permet d’organiser votre temps de manière à passer des moments de qualité avec votre proche, sans mettre votre santé mentale en péril.
(Crédit photo : iStock)