La thanatopraxie est une pratique funéraire courante de nos jours. Mais celle-ci existe depuis des milliers d’années ! Autrefois connue sous le terme d’embaumement, ce rite funéraire est aujourd’hui un métier bien spécifique du secteur. Quelle est l’histoire de la thanatopraxie ? Quand les premiers rites sont-ils apparus ? Quelle est l’évolution de cette pratique au fil du temps ? Décryptage.
La thanatopraxie, l’embaumement de l’Antiquité né en Egypte
L’Antiquité est une période qui couvre 10 000 ans avant la naissance présumée de Jésus-Christ. Cela remonte donc à l’époque où l’Homme cultivait des terres en Mésopotamie. L’Antiquité prend fin en 476 après Jésus-Christ, année de la chute de l’Empire romain.
C’est en Egypte, au plus près des pharaons, que les premières traces de thanatopraxie ont été découvertes. En effet, dans la croyance égyptienne, il y a une vie après la mort. Les Egyptiens pensent qu’à la mort d’un individu, l’âme s’en va, mais pour une durée limitée. Quelque temps plus tard, celle-ci est censée retrouver le corps du défunt.
Cette croyance collective a donc donné naissance au procédé de momification. La momification est une pratique d’embaumement visant à transformer un défunt en momie pour conserver au possible son corps dans le but d’accueillir son âme à son retour. Il fallait pouvoir ranimer le corps s’il devait reprendre vie !
En Egypte, embaumer un mort consiste alors en un regroupement de plusieurs embaumeurs, qui ont un rôle bien précis. Sur une place pure, appelée Ouabet, se passe l’embaumement. Interviennent alors le prêtre lecteur, ainsi que le chef des embaumeurs. Ils récitent des prières tout au long du processus. Les laveurs d’entrailles, appelés les paraschistes et les rouleurs de bandes, nommés les choachytes, viennent ensuite réaliser leurs tâches sur le défunt. La momification demande de retirer les viscères du défunt, à l’exception du cœur et des reins. Les organes retirés sont ensuite déposés dans de grands vases, qui l’accompagneront dans l’au-delà. Ensuite, soixante-dix jours de déshydratation sont nécessaires au corps avant d’être lavé, maquillé et coiffé, mais aussi parfumé. Au fur et à mesure que le corps est recouvert de bandelettes, des amulettes protectrices y sont placées. Cet embaumement était principalement dédié aux classes supérieures de la société. Des techniques nettement plus simples étaient réservées aux plus pauvres.
Du Moyen-Âge à aujourd’hui
Les Egyptiens ne sont pas les seuls à pratiquer l’embaumement durant l’Antiquité. On retrouve ce rite particulier, dont le processus varie quelque peu selon les cultures :
- Chez les Romains : en lavant le corps du défunt à l’eau chaude ou à l’huile ;
- Chez les juifs : où l’on recouvrait le corps de linges imbibés d’huile et d’épices.
Au Moyen-Âge (476 après JC jusqu’au 15ème siècle), la thanatopraxie est peu utilisée puisqu’elle est exclusivement réservée aux personnalités importantes de la société.
Il faut attendre le 17ème siècle et les progrès de la médecine pour que l’embaumement fasse l’objet d’une science exacte : on découvre alors l’existence de la circulation sanguine et du système artériel. Il ne s’agit plus de croyances religieuses mais de faits bien réels et concrets justifiés par la science elle-même.
C’est au XIXème siècle qu’une première technique d’embaumement artérielle voit le jour grâce au dénommé Jean-Nicolas Gannal (1791 – 1852). Pharmacien, chercheur et scientifique, on lui prête la naissance de la thanatopraxie moderne telle que nous la connaissons aujourd’hui. En 1832, Gannal découvre que d’injecter une solution de sulfate d’alumine dans la carotide d’un défunt, permettait d’en préserver les tissus. Il dépose alors le brevet en 1837 et devient le procédé Gannal.
La thanatopraxie moderne
Jusque dans les années 60, les techniques d’embaumement sont réalisées par des médecins. En 1963, le premier institut de la thanatopraxie ouvre ses portes. En 1976, l’état français reconnaît l’homologation des injections servant à l’embaumement.
C’est en 1978 que la première école spécialisée dans les soins de conservation voit le jour : l’Ecole Française des Soins et Sciences Mortuaires : EFFSSM.
En 1986, le métier de thanatopracteur est reconnu légalement par l’état français. Aussi, il faut attendre 1992 pour que le premier brevet de Maitrise en Thanatopraxie soit ouvert.
En 1993, le thanatopracteur devient un acteur légal des métiers du funéraire, comme un service public.
Le terme de “thanatopraxie” est très récent puisque ce dernier a vu le jour à la fin du XXème siècle, en 1994. Il s’agit étymologiquement du mélange de deux termes d’origine grecque :
- Thanatos : le dieu des Morts
- Praxie : en grec, cela donne une idée de mouvement.
En 1994 a lieu la première épreuve nationale permettant d’en ressortir diplomé d’état dans la thanatopraxie.
Depuis, les thanatopracteurs mettent tout en place pour conserver et préserver l’apparence du corps du défunt afin qu’il soit présenté à sa famille avant les obsèques. Il s’agit de soins particuliers, importants aux yeux des familles endeuillées qui ont à cœur que leur proche soit accompagné avec attention jusqu’à l’au-delà.
(Crédit photo : iStock)