Voyageons de l’autre côté de la Terre direction la Nouvelle-Zélande pour y découvrir les rites entourant la disparition de la population locale. Cette région du monde, riche de spiritualité et de légendes diverses, respecte des coutumes bien précises autour de la mort. Quels sont les rites funéraires de Nouvelle-Zélande ? Comment procède-t-on aux funérailles d’un être cher ? Tour d’horizon.
Le Marae, lieu de culte
En Nouvelle-Zélande, le Marae est un lieu sacré. En effet, il s’agit d’un espace vierge, dégagé. Plus encore, le marae est un lieu spécifiquement dédié aux cérémonies religieuses, au culte, aux rites divers et variés. C’est un endroit où la population se réunit pour de grandes occasions. Autrefois, les chefs de tribus vivaient sur le Marae, dans une maison bâtie pour les accueillir.
A quoi ressemblent les Maraes ? Il est question de grandes dalles de pierre ou de corail, bordées de pierres plus hautes ou de bois. Des maraes secondaires peuvent être construits sur les abords du premier pour accueillir les rites funéraires maoris. En Nouvelle-Zélande spécifiquement, les Maraes font face à une maison d’accueil (en Maori : wharenui), située elle-même devant le wharekai, là ou les repas communautaires ont lieu.
Depuis 1993 et la loi des terres maories, les Maraes sont gérés par un conseil d’administration au nom des communautés qui les détiennent. En effet, les maraes sont devenus des réserves. Ainsi, une charte dédiée à chaque Marae doit faire la description du lieu, de la communauté qui en dépend, des responsabilités de chacun, des solutions de résolutions de conflit, etc.
La représentation de la mort chez les Maoris
Comme dans beaucoup de régions du monde, les Maoris ont une conception de la mort propre à leur communauté. Il faut noter que lorsque le défunt perd la vie, son corps, appelé Tupapaku, repose au Marae dans l’attente de son enterrement. Les Maoris considèrent que l’esprit de l’être cher ne le quitte pas durant cette période de veillée. Ainsi, les proches s’adressent à lui tout au long de l’exposition au Marae.
Une fois enterré, les Maoris admettent que l’âme du défunt peut alors voyager jusqu’au nord de la Nouvelle-Zélande à la pointe du Cap Reinga, vers un arbre nommé Pohutukawa. Cet arbre indigène fleurit principalement en fin d’année et laisse entrevoir de jolies fleurs rouge vif. La croyance populaire veut que l’esprit du défunt glisse le long d’une racine du Pohutukawa pour rejoindre la mer. Reinga, en Maoris, signifie “lieu d’où l’on saute”, “lieu où résident les défunts”.
Mais le voyage du défunt ne s’arrête pas là puisque l’âme émerge alors au Ohaua. Il s’agit du pic le plus haut des Îles des Trois Rois, situées dans la mer de Tasman, à 55 kilomètres du Cap Reinga. Une fois ce second périple effectué, l’âme de l’être disparu vogue vers ses ancêtres et retourne au Hawaiiki. Il s’agit d’une île imaginaire et mythique d’où les Maoris tiennent leurs origines.
Les funérailles du défunt en Nouvelle-Zélande
Une fois le décès constaté par les proches, le défunt est placé dans des nattes de lin. Le corps est recouvert d’huile sacrée. Ensuite, on transporte le corps de l’être cher jusqu’au Marae pour qu’il y soit veillé par sa famille jusqu’aux derniers adieux. En effet, la culture maori n’accepte pas que l’on laisse un défunt seul. Il doit donc toujours être accompagné jusqu’à son enterrement. La famille et les amis de l’être cher lui parlent donc, lui chantent des chansons traditionnelles, le réconfortent même.
L’usage veut que les femmes tiennent des rameaux de feuilles vertes entre leurs mains, signes de deuil. En Maori, ce rite funéraire s’appelle le Tangi. Une fois cet hommage terminé, le défunt est mis en terre dans le cimetière du village ou celui du marae s’il en dispose.
La coutume ancienne voulait que les Maoris enterrent une première fois le défunt, pour attendre que son âme s’envole. Il fallait en général deux ans pour y parvenir. Ensuite, les restes du défunt étaient recueillis et de nouveau enterrés dans des cercueils en forme de pirogue. C’est à ce moment que l’âme du défunt rejoint le Pohutukawa puis l’Hawaiki.
En Nouvelle-Zélande, les objets funéraires sont extrêmement sacrés. Ainsi, seuls les prêtres peuvent les toucher, pour éviter qu’un membre de la population ne les souille, auquel cas, il conviendrait de procéder à une cérémonie spirituelle visant à recouvrer le Mana (l’essence spirituelle) de l’objet en question pour bénir le défunt. Entre autres, la baguette de dieu est utilisée. Elle est confectionnée à l’aide de bois et laisse apparaître un Tiki à son sommet et une pointe à son extrémité. La baguette sert d’intermédiaire entre le dieu représenté, le prêtre officiant et l’esprit du défunt. Le prêtre la prenait en main ou la plantait dans le sol pour invoquer les ancêtres et les dieux.
Les rites funéraires de Nouvelle-Zélande sont empreints de spiritualité et de croyances autour des esprits. Le Marae est un lieu sacré permettant à l’être cher de passer dans l’autre monde. D’ailleurs, dans la tradition, les défunts accompagnent les vivants au quotidien.
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