cimetière naturel

En 2014, à Niort, le premier cimetière naturel ouvrait ses portes. Depuis cette date, l’implantation de cimetières respectueux de l’environnement se déploie timidement. Cela répond pourtant à une volonté forte de limiter l’impact néfaste des inhumations sur l’environnement. Car c’est un fait, même décédés, nous polluons, et le territoire français tentent de changer les mœurs. Découverte des cimetières 100% naturels.

Les cimetières traditionnels, sources de pollution

Les cimetières classiques polluent, pour diverses raisons.

D’une part, l’utilisation du Formol dans la conservation des corps est polluante pour les sols. Il faut savoir que la France reste l’un des derniers pays d’Europe à permettre son utilisation (avec l’Allemagne). A cela s’ajoutent les matériaux entourant l’inhumation : le cercueil est recouvert de vernis, les capitons souvent fabriqués en synthétique, les poignées en fer, les caveaux en pierre et en granit, issus de cultures surexploitées. Aussi, la pollution est générée par les fleurs synthétiques déposées sur les sépultures, les plaques commémoratives. Enfin, le corps même du défunt est source de pollution : ce que nous ingérons toute notre vie, les traitements médicamenteux pris, les vêtements portés se diffusent dans la terre et sont néfastes pour l’environnement.

Les chiffres tendent à démontrer à quel point nous polluons lorsque nous perdons la vie. Une inhumation rejette plus de 800 kg de de CO2, l’équivalent de 11% des émissions d’un individu sur un an ou d’un trajet en voiture de 4 000 kilomètres. Du côté de la crémation, les chiffres sont moins élevés mais tout aussi significatifs. On estime que cette pratique funéraire rejette plus de 200 kg de CO2, principalement par les combustibles utilisés et les rejets de mercure et de dioxines par les cheminées des crématorium.

Ce qui change avec un cimetière 100% naturel

Les résultats sont sans appel : les cimetières 100% naturels sont créés dans le respect de l’environnement dans lequel ils sont implantés. Ainsi, les gestionnaires laissent la nature guider l’organisation du cimetière. Aucun arbre n’est déraciné, les sépultures sont placées là où la nature le permet.
Ainsi, les cimetières 100% naturels se différencient par :

  • L’absence de caveaux et de pierres tombales ;
  • Aucun soin de conservation apporté au défunt ;
  • Aucune fleur artificielle ;
  • Des cercueils et urnes funéraires fabriqués à l’aide de matériaux biodégradables tels que le pin, le carton. Aussi, aucun traitement n’est apporté à ces objets funéraires ;
  • Le défunt, dans la mesure du possible, doit porter des vêtements en fibres naturelles.

Bien que les pesticides aient été interdits dans les cimetières traditionnels en janvier 2020, laissant ainsi la végétation se développer naturellement, les cimetières naturels en font leur cheval de bataille. Les tombes sont délimitées par du bois, et recouvertes de végétations diverses et variées. Les plantes et fleurs endémiques sont privilégiées. Il s’agit de la végétation propre à une région géographique précise. Les pots sont à exclure même si les gérants de ces cimetières se montrent un peu plus laxistes sur cette dernière condition à l’arrivée de la Toussaint.

Autre point essentiel : le transport du corps, traditionnellement effectué par le corbillard jusqu’à l’emplacement du caveau ou de la pierre tombale est désormais réalisé par la famille. Les véhicules ne sont plus autorisés, les membres de la famille du défunt portent le cercueil avec émotions jusqu’à l’espace dédié.

Le retour de la biodiversité

L’implantation des cimetières 100% naturels permet un retour évident de la biodiversité. En effet, malgré la mort, la vie reprend.
L’absence de pesticide tend à favoriser le retour de la faune et de la flore dans ces environnements laissés entre les mains de Mère Nature.
Aussi, il est de plus en plus fréquent d’y croiser des écureuils, des hérissons et plusieurs espèces d’oiseaux.
Par exemple, le cimetière 100% naturel de Niort a reçu le label Refuge LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), en 2018. En effet, les gestionnaires ont à cœur de disposer ici et là des nichoirs à oiseaux et des hôtels à insectes. La nature est la première invitée des cimetières naturels.
Les visiteurs, proches des défunts déambulent alors dans les herbes hautes, à la recherche de la tombe de leur proche identifiée à l’aide de calcaire gravé ou de galets peints.

(Crédit photo : iStock)