La Bretagne regorge de traditions funéraires et de légendes en tout genre autour de la mort. Parmi elles, nous avons déjà évoqué les écouteuses des trépassés, mais aussi le mur des disparus. Aujourd’hui, nous mettons en lumière l’Ankou. L’Ankou fait partie de la mythologie bretonne de la Basse Bretagne du XVIIème siècle (Régions de Quimper, Vannes, Tréguier et Saint-Pol-de-Léon). Celle-ci tourne autour de plusieurs croyances, de créatures et du culte de la nature. Qu’est-ce véritablement ? Quel symbole de la mort y a-t-il autour de l’Ankou ?
L’Ankou, représentation de la mort
D’après la mythologie celtique, l’Ankou serait le symbole de la mort, une divinité matérialisée par le maillet béni (en breton mel beniguet). Il s’agissait d’une arme, ronde, servant à faciliter le passage des agonisants vers l’au-delà. Il semblerait que le plus connu des maillets bénis soit conservé dans la sacristie de la chapelle de Locmeltro en Guern. Ce dernier pèse 3 kilogrammes et fait 42 centimètres de diamètre.
Grâce à cette arme, permettant de donner la mort à ceux qui le souhaitent, l’Ankou fait écho à d’autres dieux bretons, qui, grâce à un objet ressemblant, donnaient autant la vie que la mort :
- Sucellos, divinité gauloise ;
- Dagda, divinité irlandaise.
D’un point de vue étymologique datant de 1792, l’Ankou serait le pluriel de l’Anken, en breton. L’Anken signifierait, d’après l’ancien dictionnaire, l’angoisse, la douleur morale.
L’Ankou, bien que divinité, aurait toutefois une apparence humaine d’après la légende bretonne. Il s’agirait d’un homme très fin et très grand, portant de longs cheveux blancs. Aussi, on lui attribue un chapeau de feutre, qui lui recouvre le visage, mais aussi une tenue très sombre. L’histoire raconte que sa tête tourne sur elle-même pour avoir une vue imprenable sur l’ensemble du territoire à scruter.
L’Ankou, sa mission funéraire
L’Ankou avait une mission bien particulière sur le territoire breton, d’après les croyances anciennes. En effet, il agirait au nom de la Mort en venant chercher les âmes des défunts, faisant de lui ce que l’on appelle une entité psychopompe. D’après la mythologie, ces dieux “psychopompes” ont pour mission de faire voyager les âmes des morts.
D’après certains ouvrages bretons, la croyance entourant l’Ankou allait encore plus loin. Le dernier mort du mois de décembre de chaque paroisse incarnait alors l’Ankou pour l’année suivante. Aussi, le tout premier défunt recensé du mois de janvier, avait alors le rôle d’assistant de l’Ankou, pour l’aider à accomplir sa mission divine.
L’Ankou, terreur des Bretons
Comme beaucoup d’autres représentations spectrales, la légende de l’Ankou a nourri le culte de la mort au sein même des civilisations bretonnes.
Dans l’imaginaire collectif, l’Ankou voyage avec une charrette très bruyante pour pouvoir transporter les âmes des défunts. Ce véhicule, en Bretagne, est appelée Karr an Ankoù . Il se dit que quiconque voit apparaître l’Ankou, meurt dans l’année. Aussi, qui entend grincer au loin la charrette de l’Ankou verra sa propre vie ou celle d’un proche s’éteindre. Cette croyance a donc suscité beaucoup de peur chez les Bretons des terres.
En Basse Bretagne de l’époque, l’Ankou voyageait autrement. Les populations du littoral croyaient que l’Ankou naviguait à bord du bateau de la nuit, appelé Bag Noz. Cela tire son origine d’une ancienne légende se passant sur l’île de Sein (Enez Sun en breton), dans le Finistère. Un marin aurait disparu à bord de ce fameux Bag Noz laissant alors son épouse dans le deuil et la tristesse. Quand un jour, elle vit le bateau apparaître au loin, avec son mari à la barre, tout proche des côtes.
Ainsi, le Bag Noz semble s’approcher du littoral, et laisse échapper les cris de son équipage. Les Bretons croient alors qu’à l’apparition du bateau, un terrible drame va s’abattre.
Les Bretons d’autrefois n’ont pas peur de la mort. Pour eux, il s’agit d’une occasion d’avoir une vie encore plus belle et accomplie que la précédente. Les légendes entourant la fin de vie en Bretagne sont donc nombreuses, d’autant que la proximité avec le littoral augmentait le nombre de morts en mer, les hommes vivant principalement de la pêche. Ces croyances collectives dont de cette région, une terre mystérieuse, empreintes de secrets.
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