La religion orthodoxe demeure la plus présente en Roumanie. On estime que près de 75 % des habitants du pays la pratiquent, la plupart des enterrements se déroulent donc selon les coutumes de l’Église orthodoxe. Il existe cependant un autre rite millénaire qui consiste à faire des offrandes – pain, eau ou vin – à ses ancêtres, pour garantir une bonne arrivée dans l’au-delà : la pomana. 

Déroulement des obsèques selon l’Église orthodoxe 

Dans la mesure où la grande majorité des Roumains suivent les préceptes de la religion orthodoxe, les enterrements locaux se déroulent selon ce rite. Celui-ci comporte trois étapes principales : la mise en bière, la cérémonie à l’église et l’enterrement en lui-même. La crémation reste extrêmement rare car elle empêche, selon l’orthodoxie, la continuité de la relation entre le corps et l’esprit dans l’au-delà. 

La mise en bière 

Dans un premier temps, le défunt est préparé pour son enterrement, il s’agit de la mise en bière. Il ne reçoit pas de soins de thanatopraxie spéciaux, en revanche, son corps est disposé d’une manière bien précise. Ses bras sont croisés sur sa poitrine et son icône personnelle est placée entre ses mains jointes, face à lui. Le pope assiste à la mise en bière, encense le corps et l’asperge d’eau bénite. Tout au long du processus, les proches du disparu, qui peuvent assister à cette préparation, chantent après avoir récité les prières rituelles. À la fin de l’intervention du pope, ceux-ci sont invités à la vénération du corps et peuvent également lui faire un dernier baiser avant que le cercueil soit refermé. 

Traditionnellement, celui-ci doit demeurer ouvert jusqu’à la mise en terre, notamment lors de son transport vers le cimetière, mais les lois occidentales l’interdisent. Cependant, dans les pays très pratiquants comme la Roumanie, le cercueil reste souvent maintenu ouvert jusqu’à l’enterrement, pour que les membres de la famille puissent déposer des fleurs à l’intérieur. À la suite de la mise en bière, une veillée funèbre peut être observée à la maison du défunt. 

La cérémonie à l’église 

Dans un second temps, l’enterrement inclut une cérémonie religieuse à l’église. Le corps est alors disposé de manière que le visage du défunt soit tourné vers le Christ. Trois chandeliers sont installés au pied et sur les côtés du cercueil. Les participants s’en servent pour venir y allumer, tour à tour, les cierges dont ils sont munis. Ce rite assure le transfert du disparu vers la lumière céleste.   

Au cours de la cérémonie, le cercueil demeure ouvert, tandis que les membres de l’assistance chantent et prient pour la résurrection. Les prières générales laissent peu à peu la place aux prières plus personnelles et spécifiques.  

L’enterrement orthodoxe au cimetière 

La dernière étape doit survenir au moins trois jours après le décès, période durant laquelle l’âme se sépare du corps. Pendant cet intervalle de temps, le cercueil reste ouvert et à côté, du riz ou du blé, du raisin et du miel doivent être disposés sur une table. À l’issue de cette période, il convient d’enterrer le corps du défunt. Le pope accompagne son dernier voyage jusqu’au cimetière, où le cercueil est officiellement refermé. La coutume veut que le disparu soit inhumé face à l’orient, là où le Christ doit réapparaître, et les membres de la famille déposent, chacun leur tour, une poignée de terre sur le cercueil. Ceux-ci sont ensuite invités à embrasser la croix que le pope leur tend, avant de clôturer la cérémonie. 

Offrandes aux ancêtres et repas traditionnel : le rite de la pomana 

La pomana représente un rite roumain vieux de plusieurs siècles, qui prend la forme d’offrandes faites au défunt, et plus précisément, à son âme. Dans la culture roumaine, ce geste sert avant tout à assurer le bon voyage de cette dernière jusqu’à l’au-delà. 

Les offrandes se présentent de manières multiples. Parfois, il s’agit d’aumône aux pauvres, à qui l’on donne les affaires du disparu. Le plus souvent, il s’agit de pain ou de céréales, d’eau ou de vin. Elles sont versées au cours d’un repas funéraire traditionnel, aussi appelé pomana. Cette célébration a lieu le jour de l’enterrement, le samedi suivant, puis 40 jours, six mois et un an après la mise en terre. Par la suite, la pomana est organisée à chaque anniversaire de la mort pendant sept ans. 

Selon cette tradition, le repos de l’âme du défunt dépend donc de la qualité des offrandes effectuées par les vivants pour garantir son passage dans l’au-delà. En effet, si ceux-ci se montrent négligents, la croyance veut que le disparu revienne se plaindre auprès de ses proches, et ce, sous forme de vampire !

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